300 / Zack Snyder, USA - 2006
D'un côté, nous avons Zack Snyder. A déjà officié sur: rien, sauf Dawn Of The Dead 2004, ce qui est à la fos pas grand chose et beaucoup en même temps. On connaît donc rapidement les envies de brutalité du pépère.
De l'autre côté, nous avons Frank Miller, le Frank Miller. Le mec qui chie des scénar de Robocop 2 tout en retapant la mythologie Batman pour nous en pondre du culte, du beau, du mega-lourd.
Entre les deux, il y a eu Sin City, où l'avènement grand public (après le merveilleux Sky Captain) du "vraiment tout" numérique, et ce que cela implique de démystification du réel.
Et le résultat est un film hybride, sorte de jeu vidéo géant et barbare, entrecoupé de scènes particulièrement inutiles et grotesques. Et pourtant.
L'histoire est simple et historique: 300 guerriers spartiates, connus pour leur courage et leur tenacité, vont se la mettre sévère avec 100 000 guerriers perses, connus pour compenser leur faible force par le nombre (vu le ratio, imaginez la dite-faible force).
Simple donc. Sauf que, comme cela ne suffit pas, le vieux Frank a juggé bon d'en remettre une couche. Et c'est là que ça passe ou ça casse.
Soit vous débranchez les neurones, et vous vous délectez d'un clip d'1H50, avec une tagline toute les 3 phrases, une débilité ensuite, puis une tête qui décide de se libérer de son propriétaire. Soit non.
Ici, on a choisi la première option, de loin la plus fun.
Alors, oui 300 véhicule en cherchant bien une idéologie des plus ambigües, pronant la force face à la diplomatie, et le non-respect des législation comme seules défenses, allant parfois vers une idéologie pro-Bush période Irak le retour.
Oui, un ratio de 1 spartiate pour 100 perses, ça continue de faire rire.
Oui, quand c'est beau plastiquement, c'est mal joué régulièrement.
Oui, c'est rempli de trucs qui ne servent à rien, d'une tête volante qui semble encore dire "ouille" à une chèvre jouant de la cythare.
Et surtout oui, Xerxès ressemble au roi de la Love Parade, avec le doublage du fils caché de Dark Vador, le tout en slip kangourou cotte de mailles dorée, chaînes et piercings à la clé.
Mais c'est beau. C'est fun. C'est cool. Et le reste, on s'en fout une peu, car on a choisi la première option un peu plus tôt.
En commençant directement par des crânes de nouveaux nés, on sait tout de suite où l'on est.
Mais, au delà de l'introduction dans Sparte (et de toutes les scènes qui s'y passeront ensuite, et qui sont d'un intérêt... zzzz... palpitant), ce sont bien les scènes de bataille (ou plutôt de combat) qui resteront dans les annales.
Entre un plan-séquence ahurrissant tant il sort de nulle part, et une chorégraphie à 2, toute aussi impressionnante, c'est (malheureusement) des séquences courtes, faisant chacune appel à une astuce visuelle, qui se lance régulièrement devant nos petits yeux ébahis d'enfants: magiciens lanceurs de bombes, bestioles géantes, éléphants et rhinocéros (mais avec respectivement 15 et 30 secondes à l'image), pluie de flèches et tempête dévastatrice. C'est toute une imagerie qui est mise en branle par Miller et reprise ici par Snyder. Avec une armée de Spartiates déïfiés pour l'occasion qui plus est. Mais, tout ceci représente aussi la limite du film.
En effet, l'univers des comics pouvant se prêter à des digressions extrêmes parfaitement inutiles et courtes, il en est rarement le cas sur grand écran. Et c'est pourtant ce que fait Snyder, en remplissant le film à ras bord d'inutilités (ça fait 3 fois que je le dis, c'est pas pour rien). Entre des monstres qui totalisent 2 minutes de scènes en tout, des plans bien trop longs (les Perses tombant dans le "puits", à Sparte), le film oscille entre le vraiment spectaculaire, et le franchement risible. Sauf que, du coup, ça n'en devient que plus fun. On se fendra donc la poire avec le Saddam Hussein en armure, fouettant ses esclaves avant de se faire dégager le bras, et surtout, avec ce cher Xerxès, roi des folles parmi les folles, arrivant sur son char de la Gay Pride, tout en répétant de sa voix rocailleuse "je suis bon". Que de doubles sens en perspective pour les plus tordus d'entre nous.
En conclusion, on ne tient pas le chef d'oeuvre annoncé. Magnifique visuellement, mais sans réelle profondeur, mais avec une vraie ambiguïté idéologique (enfin bon, suffit de passer outre, c'est inspiré de l'histoire d'il y a 2500 ans, tout était pas forcément joli joli à l'époque), le film aurait grandement gagné à se resserrer autour des batailles (pour une fois qu'on demande pas un développement supplémentaire des personnages), mais surtout, à être dégraissé de tour le superflu sus-mentionné.
Cependant, il reste clairement un divertissement d'action bien burné, largement au-dessus de la moyenne actuelle.
Note : 84 %
Critiques presses
Alex, Posté le lundi 09 avril 2007 19:34
Magnifique. J'aime beaucoup cette critique. Très juste d'une part, mais surtout elle m'a personnellement fait marrer, connaissant le vieux V tordu que tu es: je me disais bien en voyant le film que Xerxès la folle, tu la louperais pas... M-D-R