Shortbus / John Cameron Mitchell, USA - 2006
De l'amour à l'état pur
Shortbus n'est pas vulgaire ni provocateur, et encore moins du Larry Clark.
Shortbus n'est pas un film de sexe.
Shortbus n'est pas un film sur le sexe.
Shortbus est un film où le sexe a une place importante. Comme dans la vie courante, en fait.
Shortbus est un film à part.
Shortbus est LE FILM DE L'ANNEE 2006 (ex aequ avec LE PARFUM)
Se rapprochant de prime abord de 9 Songs, ou même Romance, on se rend rapidement compte que, passé l'introduction, on s'en éloigne très rapidement, délaissant le traitement visuel des scènes de sexe pour un traitement plus émotionnel.
Ainsi, malgré un nombre un poil trop grand de personnages (certains étant du coup moins développé que d'autres), on se prend très vite d'affection pour quasiment chacun d'eux, même si l'on est toujours à la limite du stéréotype (l'homosexuel suicidaire et son petit ami totalement amoureux, la sexologue qui n'a jamais d'orgasme=paradoxe, la prostituée SM avec trauma d'enfance inclus, le patron du club typé grande folle....).
Pourtant, il existe durant tout le film une sorte de dualité, qui ne choque que si l'on n'est pas capable de passer au-delà: c'est bien la représentation crue de scènes de sexe, ce dès l'introduction donc (on passera sur l'autofellation + éjaculation en gros plan, et autres pratiques diverses). Car, si John Cameron Mitchell va au bout de son propos, ces scènes sont filmées sans complaisance, mais avec une véritable tendresse émanant des acteurs. Et même au milieu d'une partouze, ce sont bien des grands élans d'amour, de tendresse qui sont livrés tels quels sur la pellicule (cf la rencontre avec "l'ancien maire de New York", si ça ce n'est de la tendresse à l'état pur...).
Jusqu'à l'explosion libératrice finale, où c'est une fanfare qui semble bien libérer les gens du club et leur permet de se lâcher complètement, c'est un peu la place du sexe dans le couple qui est remise en question, mais aussi, d'une manière moins explicite, la place de l'autre, l'importance de la compréhension, de l'attention.
Peu importe le bord où l'on se situe, c'est aussi la compréhension de soi qui est au centre du film. Si l'on ne se comprend pas soi-même, comment les autres le pourraient-ils ? (à replacer en dissert' de philo ça).
Ainsi, si l'on trouve avec Shortbus l'un des films les plus ouvertement osés de cette année 2006, on y trouve aussi une des plus grandes déclarations de tendresse et d'amour faite au monde entier. Et ça fait du bien.
Note : 92 %
Critiques presses
En plus :
le dossier Shortbus d'Ecranlarge, ainsi que leur interview du réalisateur, John Cameron Mitchell.
asian-movies, Posté le lundi 12 mai 2008 11:26
Un bijou d'une sincérité exceptionnelle !